Depuis plus d’un an, le projet ABS-MADA en partenariat avec Natural Justice, appuie les communautés locales d’Ampangalantsary et de Sahandrazana en vue d’établir pour elles des conditions favorables au développement de partenariats mutuellement bénéfiques avec d’autres acteurs, dans les domaines de la valorisation des ressources génétiques et de leurs connaissances traditionnelles associées.
En effet, à Ampangalantsary et à Sahandrazana, les communautés locales utilisent quotidiennement les ressources génétiques sur leurs territoires grâce à leurs connaissances traditionnelles, que ce soit pour la médecine, l’alimentation, l’agriculture ou autres. Cependant, les ressources génétiques et les savoirs traditionnels des communautés intéressent aussi les opérateurs externes tels que des chercheurs, des étudiants, des entreprises de produits manufacturés à base de plantes, etc.
De ce fait, afin de pouvoir mieux s’équiper lors des échanges avec ces opérateurs, les communautés locales de Sahandrazana et d’Ampangalantsary ont chacune établi un registre communautaire et un protocole bioculturel communautaire. Le Registre Communautaire est un document qui vise à enregistrer les ressources génétiques et les connaissances traditionnelles qui y sont associées. Quant au Protocole Bioculturel Communautaire, il s’agit entre autres d’un document qui renferme les règles et les conditions d’accès et d’échanges de ces ressources et de ces savoirs traditionnels, tout en tenant en compte tant le cadre coutumier des communautés mais aussi le cadre légal existant au niveau national et international ratifié par le pays.
Ainsi, ces deux outils permettent aux communautés locales de mettre en valeur leurs pratiques coutumières et leurs droits lors des interactions avec des acteurs extérieurs, surtout en matière d’accès, d’utilisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles associées.
Un registre communautaire pour la valorisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles des communautés locales
Les communautés locales de Sahandrazana et d’Ampangalantsary ont créé chacune un registre communautaire sur les ressources génétiques et leurs connaissances traditionnelles associées. A l’intérieur du document, elles ont commencé par y lister les ressources génétiques à vertu médicinale et à vertu cosmétique. En effet, ces catégories de ressources génétiques sont non seulement souvent utilisées par les communautés locales d’Ampangalantsary et de Sahandrazana, mais ils intéressent aussi des opérateurs extérieurs. Pour Ampangalantsary et Sahandrazana, à part les informations sur les ressources génétiques, le registre communautaire renferme également les noms des détenteurs des connaissances traditionnelles qui y sont associées. Grâce au registre communautaire, les tradipraticiens de Sahandrazana et d’Ampangalantsary ont alors été identifiés. Ces tradipraticiens peuvent par conséquent affirmer leurs droits sur leurs connaissances traditionnelles. En effet, dans le registre communautaire, les tradipraticiens se sont mis à d’accord sur la manière dont leurs connaissances y sont transcrites. Ils ont conclu que seuls les renseignements globaux sur leurs connaissances traditionnelles sont transcrits dans le registre. Par contre, pour obtenir les détails y afférents, il est nécessaire de leur aborder directement. Le registre est donc un outil de suivi, un outil de gestion et un outil nécessaire lors des échanges avec les demandeurs de ressources génétiques et de connaissances traditionnelles associées. Bref, pour les communautés locales, le registre communautaire est une opportunité pour mettre en valeur et raviver leurs savoirs traditionnels qui commencent à tomber progressivement dans l’oubli.
Un protocole bioculturel communautaire pour un partage juste et équitable des avantages issus de l’utilisation des ressources génétiques et de leurs savoirs traditionnels associés
A Ampangalantsary et à Sahandrazana, l’existence du protocole communautaire est une opportunité pour les communautés de pouvoir affirmer et de fixer elles-mêmes leurs règles ainsi que leurs conditions d’accès aux ressources génétiques et aux connaissances traditionnelles se trouvant sur leurs territoires. Le protocole bioculturel communautaire précise également le mécanisme de prise de décision au sein des communautés ainsi que la forme des avantages qu’elles souhaiteraient obtenir suite à une exploitation des ressources génétiques et de leurs connaissances traditionnelles. Les modalités de partage de ces avantages sont en effet développées dans le protocole bioculturel communautaire. Par ailleurs, dans le document, les communautés locales mettent aussi en exergue les défis dont elles font face et la manière dont elles désireraient que ces problèmes soient résolus. Il est à noter que le protocole communautaire a été rédigé par les communautés. Il renforce alors les capacités des communautés locales à faire valoir leurs intérêts lors d’une négociation dans le domaine de l’Accès et le Partage des Avantages (APA). En outre, à travers le protocole communautaire, les communautés locales de Sahandrazana et d’Ampangalantsary font connaître leurs systèmes traditionnels comme leurs lois coutumières, leurs systèmes de prise de décision et même leurs modalités de gestion de tous les éventuels conflits relatifs à l’exploitation des ressources génétiques et des savoirs traditionnels associés.
Un processus soutenu par toutes les autorités locales et administratives concernées
L’élaboration du protocole bioculturel et du registre a été un processus communautaire que ce soit à Ampangalantsary ou à Sahandrazana. Cependant, durant toutes les étapes qui se sont succédées les autorités administratives locales ont suivi l’évolution du processus. En effet, ces autorités ont été consultées durant le développement du contenu du protocole bioculturel et ont participé à l’étape sur le renforcement des capacités des acteurs locaux en matière de droit. Elles ont également réalisé un contrôle de légalité du contenu des protocoles bioculturels communautaires d’Ampangalantsary et de Sahandrazana. Par ailleurs, par la même occasion, les approches ont permis de renforcer les connaissances des autorités sur l’Accès et le Partage des Avantages (APA) et ses enjeux.
Actuellement, le protocole bioculturel et le registre communautaire de Sahandrazana et d’Ampangalantsary sont achevés et validés. Après environ un an de travaux, ces protocoles bioculturels communautaires et ces registres communautaires seront utilisés comme des outils de négociation en matière d’Accès et Partage des Avantages (APA).
